UNE bavure policière a entraîné la mort d’un jeune en France. Cet incident déplorable et inadmissible a provoqué un tollé en France qui vit depuis sur le rythme de contestations violentes qui ont gagné plusieurs départements. Jusqu’à maintenant, on recense près de 1.500 interpellations. Mais quand il s’agit de la France, les voix libres et démocratiques se taisent. On ne parlera pas d’une dérive autoritaire quand des centaines de personnes croulent en prison. On ne dénoncera pas le président français pour s’être immiscé dans les affaires de la justice quand il condamne un « acte inexcusable » avant que le parquet ne se saisisse de l’affaire. Le déploiement des chars et des blindés n’est pas considéré comme un usage disproportionné de la force à l’égard des manifestants.
C’est que quand il s’agit d’une puissance occidentale, l’Union européenne se mure dans un silence sans fin. Les temples de la démocratie tournent le regard ailleurs. De telles scènes auraient provoqué une levée de boucliers si elles s’étaient déroulées dans un pays africain ou arabe. On aurait alors crié au despotisme et dénoncé une répression grave et une atteinte aux droits de l’Homme. Pourtant, la crise en France dévoile une crise de valeurs sociales et humaines et la mobilisation de la rue illustre un ras-le-bol général d’un modèle social qui ne fonctionne plus.
Cependant, même si la France est secouée et divisée, elle reste solidaire et unie. Même si elle danse sur un volcan, la secousse ne sera que passagère. Car en France, la maturité de la classe politique place l’intérêt de la nation avant celle des partis. Ceux qui contestent et revendiquent le droit à l’équité, à la reconnaissance et à l’inclusion. Malgré la discrimination, malgré le racisme et la xénophobie, il y a toujours des voix justes. Des voix qui critiquent, qui vitupèrent, qui dénoncent mais sans jamais remettre en cause la légitimité et l’autorité de l’Etat de droit. Car les bavures sont des actes personnels et isolés et la responsabilité d’un Etat, c’est de dire la vérité et d’appliquer la loi. Et l’application de la loi dans un pays souverain doit être respectée non seulement quand il s’agit de la France mais aussi ailleurs dans les autres pays de la rive sud de la Méditerranée ou en Afrique. Elle ne doit pas servir de prétexte pour des ingérences dans les affaires internes des autres pays quand ils sont en butte à de pareilles crises. La France tournera bientôt la page de cette crise mais ne devrait pas oublier la leçon.